Monade lin (250x60x60cm), monades ongles (env. 25x25x25cm), monade cire (empreintes digitales sur cire, env. 25x25x25cm), photos numériques tirées sur plaques, à partir des monades lin, ongles et cire
Ongles : Les structures d’ongles s’édifient dans un système de courbe/contre-courbe qui s’élèvent de l’horizontale pour construire un ensemble arborescent concentré sur lui même ; toutes les courbes finissent par se refermer pour clore le système dans un repli qui met un terme à son évolution.
Les ongles poussent, témoignent de la temporalité du corps ; ils sont rongés, effacés par les dents, témoins plus lents. Quittant le corps, ils prennent part à un devenir corps dans une perspective libérée du temps. Les ongles sont des objets ambigus, signes de vie, cellules mortes devenue matière, inerte et éternelle, parure, outil, aussi bien que rebus suscitant dégoût et mépris ; l’ongle n’a pas sa place dans le monde des Idées mais sert à définir l’homme en dernier recours.
Imposant leur singularité (forme et longueur), ils édifient un corps vide, défini par une ligne qui parcourt l’espace et expose par sa grâce fragile, la mémoire qu’elle contient.
Cires-empreintes : les cires questionnent l’enveloppe. Elle sont obtenues par l’application de cire liquide sur l’empreinte digitale de l’index, qui décollée, une fois refroidie, donnera un pétale translucide marquée par cette ligne porteuse, à nouveau, d’une trace de l’identité. Ces empreintes, toutes liées par leur matrice, gagnent néanmoins leur singularité, dans cette intimité entre répétition et variation. Elles n’existent cependant qu’en participant à l’édifice le plus fragile qui soit, bâtissant sa structure à partir d’une enveloppe. Et pourtant, en lutte contre sa nature, elle parvient à exister dans un éloge du fragile et du léger.
Ficelles : La procédure de base consiste en la définition de courbes formées par la ligne qu’est le fil, courbes se succédant par des nœuds qui les circonscrivent, les lient et les opposent.
Chaque nœud est un point d’inflexion, au sein duquel s’opère une traversée de la tangente. Il se produit quelque chose de puissant en ce point.
Chaque nœud est décidé par un ensemble de choix simples : destination, rayon de courbure, axe de la tangente, relation à l’ensemble ; et ce geste, multiplié, génère la complexité, la singularité et enfin l’autonomie de la structure.
Plus le travail avance, plus la maîtrise tend à s’effacer pour céder la place à une forme de relation, due à une prise d’autonomie de la forme en construction. Il existe une relation entre la mécanique des courbes et contre-courbes qui se lient et l’idée d’un devenir corps, comme dans l’embryogenèse par exemple, quand ce qui pourrait être créateur, devient peu à peu partenaire.
J’aime utiliser les termes d’entités ou de monades pour désigner ces travaux et caractériser cette relation qui se développe avec eux et qui doit aussi naître avec le spectateur.
Une partie de ce travail consiste également à organiser ou observer les relations que ces entités peuvent créer entre elles.
Trois modes d’existence sont alors possibles : suspensions développées du plafond au sol, suspensions affleurant le sol, entités posées – corps épars.