Mise en forme plastique du texte de Rindala El Khoury pour édition d’art tirée à 50 exemplaires datés, signés, numérotés; présenté au salon du livre de Beyrouth en 2009 avec les éditions Dar An-Nahar, conférence et lecture par Mireille Herbstmeyer. (format A5, nylon et acétate)
Edition d’artiste limitée à 50 exemplaires.
Technique : Impression numérique laser sur film acétate 100 microns, reliure fil de nylon 60
Principes : Dans cette version limitée, éclats de stylo dans un paquet de mouchoirs, est une collaboration entre l’autrice Rindala El Khoury et le plasticien Jean-Marc Lefèvre. Ce travail concrétise la rencontre entre les domaines littéraires et plastiques de chacun, réunis dans un même projet.
« Mon travail venant à la suite de celui de Rindala, il s’agissait de proposer une forme de dialogue entre les deux langages, le visuel venant chercher ses signes dans le littéraire, en répondant à ses évocations.
L’écriture de Rindala, dans ce texte, invite naturellement aux connexions avec le langage plastique ; on pourrait dire qu’il y a quelque chose de plasticien dans cette écriture, non seulement par de nombreuses références (photo, installation, collage, peinture…) mais aussi dans les structures et mécanismes qui construisent le texte. Par ailleurs, nombres de questions abordées croisent mes thèmes de travail : le corps, la matière, l’expérience sensible…
J’ai donc cherché comment faire ressentir cette sensation de plongée dans le passé, dans une mémoire qui va tout marquer et sur laquelle tout devra se construire ; l’idée qu’il faut creuser ou faire l’effort de descendre dans quelque chose qui pourtant affleure. Est venue l’image de quelque chose de sombre et de nébuleux sous la surface. Cette forme serait créée à partir des lettres du texte, des caractères. Il fallait donc parvenir à tous les montrer en même temps dans une espèce de nuage noir : c’est ainsi que l’impression sur un support transparent s’est imposée. Le travail de mise en page à ensuite consisté à inscrire le texte dans ces formes ovales qui grossissent à mesure que le texte avance pour se réduire vers la fin. L’effet recherché était de produire ce volume sombre, flou, qui plonge sous la couverture pour s’enfoncer et se dissoudre dans l’épaisseur des pages.
L’autre intérêt de l’impression sur transparent est le geste qu’elle impose au lecteur, car on ne peut déchiffrer cet amas de signes à moins de glisser la main derrière la page pour faire écran – le texte se révèle au creux de la main ; cette expérience, cet appel au corps du spectateur me semblait essentiel pour ce projet.
Enfin, et ce en lien direct avec certains aspects de mon travail de plasticien, la reliure a fait appel au fil de nylon pour faire l’assemblage des pages, avec un seul fil qui prolonge son travail sur la couverture, dans un réseau de nœuds. Le fil revient sans cesse sur lui même pour envahir la couverture et s’y refléter en même temps. »
« Tandem à suivre
De sa rencontre avec l’écrivain libanaise Rindala El Khoury est né un ouvrage d’une grande
délicatesse, une dentelle littéraire brodant sa douleur d’enfant déracinée, mis en scène par
Jean-Marc. Il a pour titre « Éclats de stylo dans un paquet de mouchoirs » et pour couverture
protectrice un nuage de nylon. Le texte, par un montage typographique calculé au millimètre,
s’évanouit en sfumato dans l’épaisseur des feuilles de rhodoïd transparent, formant une
empreinte digitale aux contours dilués. Pénible à lire, certes, mais en glissant une feuille
blanche sous chaque page, on se laisse prendre au jeu jusqu’à la conclusion, citant Fernando
Pessoa : « Je reste toujours ébahi quand j’achève quelque chose. Ebahi et navré. » »
pour L’Express Styles,
Marie-Amal Bizalion