travail graphique

Trait(s): cet axe travail repose sur un triangle de réflexion récurent dans ma démarche.
La dyade deleuzienne Différence et Répétition,
la question du geste,
l’autonomie de la forme dans son développement.

La répétition du geste de tracé, identique et toujours différent remplit l’espace, épuise l’outil jusqu’à son asséchement, enregistre le temps qui passe…
La référence à la peinture chinoise est présente dans cette réflexion:

Chuang-tzu (chap. « ciel et terre ») « Maître, où allez-vous? » demanda Bourrasque. « A la Grande Vallée », dit Epaisseur Obscure. « Pourquoi? » « La Grande Vallée est le lieu où l’on verse sans jamais remplir et où l’on puise sans jamais épuiser. »

Wang Yu Il s’agit, pour obtenir un effet merveilleux, de jouer de l’Encre de telle manière que là où s’arrête le Pinceau, soudain, surgisse « autre chose »

François Cheng (Vide et Plein, Le langage pictural chinois, chap. A partir de la notion de vide, p73) […] le trait tracé, aux yeux du peintre chinois, réellement le trait d’union entre l’homme et le surnaturel. Car le Trait, par son unité interne et sa capacité de variation, est Un et Multiple. Il incarne le processus par lequel l’homme dessinant rejoint les gestes de la Création. (L’acte de tracer le Trait correspond à celui même qui tire l’Un du Chaos, qui sépare le Ciel et la Terre.) Le Trait est à la fois le Souffle, le Yin-Yang, le Ciel-Terre, les Dix-mille êtres, tout en prenant en charge le rythme et les pulsions secrètes de l’homme.

Grilles : cette série fait appel à la structure, devenue classique dans les arts visuels, de la grille. Elle s’articule autour d’une trame de 2×75 lignes définissant 5625 quadrilatères et peut produire une infinité de variations possibles à partir de la modification de quelques paramètres simples et limités: épaisseur du trait, qualité du noir, régularité ou non des enchainements, tracé « réglé » ou à main levée…

Monadiques Noires : également liée à la dyade Différence et Répétition, cette série répète une procédure de déploiement de la forme par accumulation de gestes graphiques posés avec différents instruments traceurs noirs, accumulant et croissant des formes quadrangulaires jusqu’à la définition d’une forme circulaire.

Jeu de Cartes : un travail sur une série de petits formats (10x7cm), axé sur des questions de composition au sein du format lui-même mais aussi sur les arrangements des formats entre eux, à mener par le spectateur, co-compositeur.

Monotypes-Salive : ces travaux répondent au principe simple du monotype, qui enregistre la trace unique de mouvements par le biais d’un report. Ils utilisent une encre destinée à la gravure, noire, filante et visqueuse qui crée ses motifs et ses nuances par les interactions avec la salive et la pression qu’elle subit. 
Ils génèrent des unités indépendantes, des logiques individuelles qui tentent d’être fidèles à elles mêmes, sans évidemment pouvoir y parvenir. 
Ces unités donnent lieu a des installations ou environnements, en proposant un ensemble dans lequel elles jouent de leur parenté tout en manifestant leur subjectivité. 
La salive, porteuse d’ADN, les lie dans une identité génétique qui néanmoins ne les détermine pas ; elle intervient alors, à la fois comme agent et comme présence.  
On peux noter le rôle donné par la physiologie à la salive : par ses propriétés physico-chimiques, elle facilite l’ingestion et l’assimilation de matière mais assiste aussi la circulation du souffle et donc l’émission de la parole.